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Patrick Modiano, emporte le Prix Nobel de littérature

 

Modiano a été récompensé pour «l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation», a indiqué l’Académie suédoise dans un communiqué. Son «univers est fantastique, ses livres se répondent les uns aux autres», a expliqué le secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise Peter Englund à la télévision publique suédoise SVT, qualifiant l’auteur de «Marcel Proust de notre temps».

 

«Cela me semble un peu irréel parce que je me souviens de souvenirs d’enfance, même Camus, je devais avoir 12 ans, et puis d’autres», a dit le romancier lors d’une conférence de presse chez son éditeur Gallimard, à Paris. «Cela me semble un peu irréel d’être confronté avec des gens que j’ai admirés», a-t-il ajouté. «C’était comme une sorte de dédoublement avec quelqu’un qui s’appelait comme moi (...) Tout cela a été un peu abstrait», a-t-il ajouté. «J’ai vu que j’étais (dans les listes, ndlr), mais je ne m’attendais pas du tout.»

Patrick Modiano s’est aussi interrogé sur les raisons du choix du jury et a dédié son prix à son petit-fils suédois. «Je voudrais savoir comment ils ont expliqué ce choix, j’ai hâte de voir quelles sont les raisons pour lesquelles ils m’ont choisi», a-t-il déclaré. «J’ai un lien avec la Suède. Mon petit-fils est suédois, je lui dédie ce prix parce que c’est son pays», a-t-il ajouté.

 

 

LIBERATION, 9 OCTOBRE 2014 À 13:02 (MIS À JOUR : 9 OCTOBRE 2014 À 17:18)

Le faux débat sur la liberté d'expression après l'attentat contre Charlie Hebdo:

Le drame meurtrier qui a frappé récemment la rédaction du journal Charlie Hebdo a très rapidement été analysé par les médias comme mettant en jeu la question des limites de la liberté d'expression, notamment par rapport au blasphème.

 

>  Pourquoi contester la liberté d'expression de Zemmour et Houellebecq alors qu'on défend celle de Charlie Hebdo ?

 

D'un côté, ceux qui prônent que la laïcité de l'État français doit autoriser des caricatures du prophète et plus généralement, le blasphème, de l'autre ceux qui, tout en étant horrifiés par la barbarie terroriste, soutiennent que l'on ne devrait pas faire souffrir une communauté de croyants en les blasphémant et que cette violence devrait faire réfléchir sur ce qui peut être dit dans un journal.

Pourtant, d'un point de vue juridique, l'attentat contre Charlie Hebdo n'a aucun rapport avec les limites de la liberté d'expression. Si la presse tient particulièrement à traduire en termes légaux ce drame, il faut le porter alors sur la question de la vie en commun dans une démocratie et l'interdiction de se faire justice à soi-même.

La liberté d'expression : le faux débat

 

En matière de liberté d'expression, il y a de nombreuses limites énoncées dans la loi de 1881, modifiée au fil des ans ; ainsi, la loi prohibe la provocation aux crimes et aux délits (articles 23 et 24), la contestation de l'existence de crimes contre l'humanité (article 24 bis) l’expression contre la chose publique (articles 25 et 27), les personnes (diffamations et injures des articles 29 à 35 quater), les chefs d’État et agents diplomatiques étrangers (articles 36 et 37), et la liberté d’expression est encadrée dans l’enceinte d’un tribunal ou lorsqu’un procès est en jeu (articles 38 à 41-1).

Dans le cadre d'un dessin caricaturant Mahomet et/ou la communauté de croyants qui se rattache à ce prophète, la question de savoir s'il s'agit d'une injure raciale peut en effet se poser. Mais que Charlie Hebdo viole ou non la loi en la matière n'a aucun rapport avec le drame que la rédaction a vécu.

Les fondamentalistes, peut-être même les musulmans modérés, peuvent parfaitement se sentir blessés par les dessins de Charlie Hebdo, comme la communauté juive peut se sentir blessée par certains propos d'un Dieudonné. Mais la seule solution acceptable est de saisir la justice et de s'en tenir à sa décision. Une autre solution pourrait consister à organiser un lobby pour faire changer les lois dans le cadre d'un processus démocratique et faire voter l'interdiction du blasphème.

Mais une personne qui s’arme et tue en raison d’un tort qui lui serait fait ne doit surtout pas amener la presse et les citoyens à s’interroger sur la légitimité de son acte. Ce n’est pas la liberté d’expression qui est visée par le terroriste, mais la démocratie et l’idée de justice et du vivre ensemble. S’il faut se poser une question, c’est celle de savoir comment introduire ces deux notions dans des esprits imperméables à la liberté et à la tolérance.


En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-121249-charlie-hebdo-et-la-liberte-dexpression-un-faux-debat-1084973.php?frHo9Mslwscru6EW.99

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